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Photo du rédacteurTreevelers Association

Covid et environnement : l'histoire d'une relation bien paradoxale


À l’heure d’un énième rebond de la pandémie en France et sur la planète entière, des conclusions doivent être tirées des mois écoulés depuis mars. Il est important d’analyser les épisodes passés de la crise afin de coordonner de meilleure manière l’action publique au cours des prochaines semaines et mois. Mais cette analyse ne doit pas uniquement servir au gouvernement ou aux décideurs publics ; la crise nous la vivons tous, ensemble, qu’on le veuille ou non. Chacun a eu son rôle à jouer dans la pandémie, tout le monde a dû faire des choix, des concessions, trouver des alternatives, repenser sa manière de vivre. En bref, nos comportements, nos vies à tous ont nécessairement dû évoluer au gré de la situation sanitaire. Néanmoins, les décisions que nous avons personnellement, séparément, prises n’ont pas toutes été les mêmes. Entre ceux qui décidaient de partir à la campagne pour le premier confinement en mars, ceux qui préféraient rester en ville coûte que coûte. Ceux encore qui allaient se ressourcer une heure par jour dans la nature, renouant avec celle-ci, ou d’autres qui choisissaient de rester en famille à la maison pour faire des jeux de société. L’ensemble de ces choix, de ces obligations, car oui le confinement et la fermeture des entreprises “non-essentielles” en était une, ont eu un impact non négligeable sur nos sociétés, mais également notre environnement. En effet, entre redécouverte de la nature et priorité au sanitaire, entre baisse des émissions de dioxyde de carbone et relance nécessaire des entreprises, notre chère Dame Nature n’en a pas fini de danser au gré de la conjoncture. Intéressons-nous donc à ce paradoxe bien actuel résidant dans la relation entre Covid et environnement.


Le confinement, un mot qui, avant mars, nous était bien inconnu. Barbare, guerrier, violent, ce terme connoté négativement faisait siffler nos oreilles, mais pourtant, il faudra bientôt s’y habituer, car il deviendra notre première raison de vivre, ou ne pas vivre : “Ça te dit de sortir ce soir ? - Je peux pas j’ai confinement”. Un mot qui nous deviendra familier ; une relation toxique nous unira : “sacrifie ta vie d’aujourd’hui pour profiter de ta vie de demain”.

Étant confinés, plus possible de vaquer à ses occupations habituelles. L’atmosphère est pesante, les habitations deviennent oppressantes. Les amas bétonneux entourant nos vies nous étouffent. Nos villes artificielles nous renvoient à une idée d'oppression. Il fallait trouver un moyen de se ressourcer, de reprendre des forces, de se sentir vivant, dans un moment où le sentiment de captivité prédominait. Il fallait surtout trouver un lieu de liberté, au sein duquel on puisse s’épanouir, se perdre l’espace de quelques instants. Quoi de mieux alors que de prendre un grand bol d’air frais en pleine nature, de profiter de la moindre parcelle verdoyante à moins d’un kilomètre de chez vous, jalousant votre voisin qui a un plus grand jardin et surtout un magnifique cerisier sous lequel il doit être bien agréable de se prélasser. Jamais les mots jardins, parcs, forêts n’avaient été si doux et agréables à l’oreille. Tenter de retrouver une certaine liberté dans des espaces naturels qu’on domestique depuis des siècles, voilà un paradoxe.

Il nous aura donc fallu une crise sanitaire mondiale pour prendre conscience de la nécessité, de la place prépondérante de la nature dans notre vie. L’Homme qui, au fur et à mesure que le temps passait, tendait à s'éloigner de son environnement originel comprenait enfin que la plus basique et ancienne chose sur Terre était peut-être le plus doux et savoureux des plaisirs.

Avec l’arrêt de la production de bon nombre d’entreprises, un fait important pour notre environnement se produisait : pour la première fois depuis bien longtemps, les émissions de gaz à effet de serre baissaient ostensiblement, au même titre que la pollution atmosphérique. Les Chinois redécouvraient ainsi la teinte bleutée du ciel, lui qui n’était que grisâtre depuis des années. Dans d’autres pays comme la France, la nature reprenait enfin le pas sur l’activité humaine, suspendue. On entendait de nouveau les oiseaux chanter le matin, on respirait mieux dans les grandes villes, on pouvait enfin se promener dans les espaces naturels, y compris dans les villes, en écoutant attentivement l’harmonieux son de la nature : le souffle du vent dans les feuilles d’arbres, le déplacement des petits animaux dans les buissons, le craquement des arbres et le bruissement des feuilles.

Il nous aura donc fallu une crise sanitaire mondiale et un confinement pour que l’on admire et profite de la nature à sa juste valeur, pour qu’elle puisse reprendre ses droits sur des espaces qu’on lui avait illégitimement volé. Ainsi peut-on dire que la pandémie aura eu un impact positif sur notre environnement tant au niveau de sa vitalité, entre pollution diminuée et reprise de ses droits, qu’au niveau de la connexion que nous, citoyens du monde, avons pu établir, ou plutôt rétablir, avec ce dernier.


Bien malheureusement, l’histoire de cette relation plutôt amicale, au départ du moins, entre Coronavirus et Dame Nature, n’aura pas été un long fleuve tranquille, mais plutôt un cours d’eau se dégradant, parsemé d'embûches. Pour comprendre cela, il est nécessaire de remonter quelques années en arrière.

En effet, depuis plusieurs décennies maintenant, nos sociétés prennent conscience qu’il est nécessaire d’agir activement et rapidement pour la cause environnementale, sous peine de conséquences aussi irréversibles que mauvaises pour nous et notre planète. Entre évolution de la législation et prise de conscience des citoyens, allant même jusqu’à des revendications fortes, notamment de la part des jeunes générations, ce processus de prise en compte de l’aspect environnemental dans le calcul de notre mode de vie et de nos choix s’est accru ces dernières années, avec comme figure de proue la jeune Greta Thunberg. Le thème de l’environnement et de sa protection est donc devenu un enjeu actuel majeur, et ce dans la tête de beaucoup, ce qui a pu se confirmer au travers d’élections comme les européennes ou les municipales, au cours desquelles nous avons pu assister à la montée et l’essor des partis écologistes.

Pourtant, avec l’arrivée du maléfique Covid-19, les cartes ont été rebattues et l’aspect environnemental relégué en second plan, au profit de la santé nationale et mondiale, LA priorité actuelle. Ainsi, mesures sanitaires obligent, le masque, le mouchoir, le nettoyage et l’aseptisation à tout va, ou encore les produits à usage unique, sont devenus les figures de proue de nos derniers mois. Ces mesures, bien que nécessaires, ont considérablement remis en cause les démarches eco-friendly entreprises jusqu’ici. L’utilisation de masques à usage unique et à changer plusieurs fois dans la journée par exemple, créerait des déchets supplémentaires, au même titre que les lingettes aseptisantes ou les combinaisons intégrales utilisées dans le secteur médical. On voit ainsi, bien malencontreusement, reculer les valeurs environnementales prônées jusqu’alors. Au-delà de cette augmentation de la masse de déchets, les travers de l’usage unique ressurgissent. Combien de fois avez-vous vu, au sol, des masques usagers, dans les fossés, sur les bords de route, sur le trottoir, ou même en pleine nature ? Une pollution qui tendait à se réduire avec la sensibilisation et la prise de conscience croissantes, une amélioration bafouée lors de la crise par des individus qui, trop préoccupés par la crise ou pas assez par l’environnement, sonnent un retour en arrière dans une démarche environnementale tombant à certains moments dans la désuétude, parce que passant en arrière plan, après les pages covid.

Ce recul en matière environnementale n’est hélas pas le seul problème auquel notre chère Mère Nature doit se confronter. Avec l’arrêt de nombreux secteurs d’activité, et malgré les aides de l’État, les entreprises se trouvent en forte baisse de chiffre d'affaires et n’attendent qu’une chose : redémarrer à plein régime et rattraper le retard accumulé depuis mars. Cette quête de profit nécessaire pour les entreprises se traduit parfois par un processus de production ignorant les ressorts environnementaux. Au-delà du fait, déjà grave, que la reprise des activités relance la pollution atmosphérique, l’enjeu est également que ces entreprises qui prenaient avant en compte l’environnement décident maintenant de produire un maximum, bafouant les efforts en faveur de Dame Nature jadis entrepris. Cette nature qui avait vu un regain de vitalité à l’aune du premier confinement pourrait donc maintenant se voir mater par une économie en berne sollicitant la totalité de ses capacités, et ce à n’importe quel prix, afin de combler au maximum l’abîme financière creusée jusqu’alors par la crise.


La pandémie du Covid-19 aura donc bel et bien créé un paradoxe avec l’environnement. Tantôt son premier allié, à d’autres occasions son pire ennemi. Covid et Nature sont pour l’heure synonymes de relation conflictuelle. Nous sommes ainsi en apparence devant un problème majeur : deux enjeux aussi importants qu’actuels ont l’air de se révéler antagonistes. Comment alors tenter d’agir pour l’un sans aller à l’encontre du second ? Pour éviter de voir ces enjeux s’opposer, une action gouvernementale est donc nécessaire, passant possiblement par une régulation et la législation afin d’obliger les agents économiques à agir en faveur des deux. Solutionner ce problème apparent passera peut-être également par une réinvention totale de l’action face au covid, axant la recherche non pas seulement vers une solution pour la pandémie, mais aussi vers des actions et mesures communes à la lutte contre le covid et à la préservation de l'environnement. Pour ce faire, il serait déjà intéressant de commencer par un système de recyclage massif des objets à usage unique utilisés pour contrer le virus, tels que les masques, les lingettes nettoyantes ou les combinaisons. Ces démarches, bien qu’en apparence uniquement tournées vers l'aspect environnemental, pourraient solliciter un pan entier de l’économie, avec une reprise de l’activité pour des entreprises tentant de se réinventer en recyclant ce matériel. Penser le monde autrement, inventer, réimaginer. L'évolution et la transition vers un monde meilleur pour demain ne seront pas aisées, mais la conjoncture actuelle nous y oblige, alors voilà ce qui nous attend, pensons également à notre environnement.


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