Ses enjeux, les avis.
La loi Climat et Résilience, votée et adoptée par le Parlement le 22 août 2021, a pour but de répondre à l'urgence climatique et écologique, afin notamment d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. En effet, l'empreinte carbone de la France met depuis plusieurs années le feu aux poudres, et les différentes mesures pour la réduire sont tantôt insuffisantes pour certains, tantôt intenables pour d'autres. Alors concrètement, quels sont les enjeux de cette loi et quels sont les avis à son propos ?
Des enjeux contemporains de taille
Le jeudi 5 mars 2020, la France avait déjà émis la quantité de gaz à effet de serre qu'elle avait prévue pour l'année entière, suite au projet de neutralité carbone. Cela signifie donc qu'elle a émis 4 fois plus que ce que ses plans prévoyaient. Ces émissions considérables, causées dans la grande majorité par le rejet excessif de CO2, inquiètent à cause de leurs conséquences notables, telles que le dérèglement climatique, la multiplication des catastrophes naturelles, la montée du niveau des eaux, etc. De plus ces émissions n'ont pas que des conséquences nocives sur notre Terre, mais également sur nous, êtres humains, car on considère que la pollution de l'air est à l'origine d'environ 50 000 décès prématurés en France, par an.
Les enjeux de la loi Climat et Résilience sont ainsi de réduire massivement l'impact de l'Homme sur l'environnement, en renseignant davantage les consommateurs, mais aussi grâce à des mesures concrètes pour le limiter, comme l'extension des ventes en vrac dans les supermarchés pour diminuer l'utilisation du plastique.
Des avis divergents
La loi Climat et Résilience vise concrètement à intégrer l'écologie dans le mode de vie des Français.es. Cependant, changer nos habitudes peut s'avérer complexe, et c'est pour cela que plusieurs critères doivent être pris en compte dans les projets de loi. Le but principal de la loi Climat et Résilience a beau être de réduire l'empreinte carbone de la France, il est néanmoins nécessaire d'éviter des réactions qui pourraient s'avérer violentes. En effet, les crises sociales peuvent être décuplées, c'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé durant la crise des gilets jaunes, suite à l'augmentation de la taxe carbone. Par-delà cette question sociale, il est également important de maintenir une économie stable, malgré les changements. Il est par ailleurs évident que l'avis même des citoyens, impactés par ces changements, diverge fortement selon leurs intérêts et engagements. Alors concrètement, quels sont les différents avis sur la loi Climat et Résilience ?
L'avis écologiste
Barbara Pompili, actuelle ministre de la Transition écologique a dit lors d'une interview sur la loi Climat et Résilience : « La route que veut tracer la loi climat et résilience, [c'est] celle qui produira des résultats, celle qui apportera des solutions concrètes à des problèmes complexes ». En effet, pour le Gouvernement, cette loi est un véritable tournant écologique. Mais ce point de vue est largement contesté par les ONG, et la grande majorité des écologistes, qui pensent que, malgré la bonne intention de faire bouger les choses, l'objectif est bien trop insuffisant pour respecter l'Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. De la volonté donc, mais surtout de belles paroles sans avoir beaucoup d'actions qui en ressortent. Ce manque flagrant de mise en œuvre et de réponses fortes est au centre de la critique des écologistes. Cette dernière porte avant tout sur le retardement de certaines mesures, dont la mise en application est déplacée de plusieurs années par rapport à ce que la Convention citoyenne demandait.
De plus, la modification ou la suppression d'un grand nombre d'articles proposés qui auraient pu exercer une réelle influence sur l'écologie, est vivement critiquée par ces militants. « Ce que les experts nous disent, c'est que ce projet de loi en l'état n'est pas à la hauteur des enjeux et de nos engagements », résume Nicolas Hulot. La loi Climat et Résilience serait donc une preuve de « l'incapacité du pouvoir actuel à mettre notre modèle économique au diapason de l'urgence climatique », souligne Clément Sénéchal, chargé de campagne Politiques climatiques à Greenpeace France.
L'avis économiste
La plupart des économistes, quant à eux, ne sont pas du tout d'accord avec les écologistes, certains ayant même des avis opposés. En effet, beaucoup jugent les mesures annoncées intenables, prématurées et trop contraignantes. Ils demandent de retarder la date de mise en application de plusieurs mesures, notamment celles portant sur les sanctions contre ceux ne respectant pas la nouvelle loi. D'après Yves Puget, il s'agirait de mesures dénuées de bon sens, et d'autres économistes, comme Alexandra Bouthelier, préconisent de prendre du temps avant d'appliquer ces changements importants pour ne pas porter atteinte à la liberté d'entreprendre.
Beaucoup critiquent donc le manque de prise en considération du monde économique, qui se retrouve fortement impacté et incité à initier des changements dans des délais jugés trop courts, sous la contrainte, sans avoir le temps de réfléchir à de nouveaux agencements.
Et chez Treevelers, on en pense quoi ?
En tant qu'association de préservation de l'environnement, nous pensons que de réelles mesures doivent être mises en place pour limiter l'impact de l'Homme sur l'environnement. Nous avions donc des attentes évidentes au sujet de la Loi Climat et Résilience, notamment sur des mesures plus concrètes, plus strictes, prenant en totale considération l'urgence climatique.
Nous avons cependant été déçu.e.s de cette loi, qui partait à notre sens d'une volonté certaine, mais qui a été vidée d'intérêt et de sens par rapport à l'espoir des ambitieuses, mais nécessaires, propositions de la Convention citoyenne. En effet, des mesures allégées, retardées, ou encore en cours de discussion nous laissent penser qu'il en faudra encore beaucoup plus si nous voulons atteindre les objectifs que la France s'était fixée. Il paraît évident que le Gouvernement fait encore largement passer les intérêts économiques du pays avant ses intérêts écologiques, ce qui reste une source d'inquiétude, mais également de motivation pour multiplier nos actions.
Cette loi serait-elle une porte ouverte au greenwashing ? Pour le savoir, il faudra attendre de voir si le pays maintient les mesures annoncées. Cependant, ce projet de loi reste une preuve qu'allier économie et écologie est encore une difficulté importante, qui risque de freiner fortement la réduction de notre impact environnemental.
Lucie Esse
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