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Photo du rédacteurTreevelers Association

Le réchauffement climatique et la question du genre

Le climat va-t-il faire disparaître les inégalités femmes-hommes ?




Lorsqu’on parle du réchauffement climatique et de ses conséquences, on pointe souvent du doigt les inégalités qui peuvent exister entre les pays du Nord-économique, causes principales du réchauffement mais relativement épargnés par ses conséquences, et les pays du Sudéconomique, n’y étant quasiment pour rien, mais qui le paieront au prix fort. Passé cet émoi, on s’arrête ensuite sur le cas de l’anthropocentrisme, de l’humain égoïste qui condamne bien des espèces par ses folies et ses rêves ravageurs. L’inégalité est donc au centre de l’enjeu climatique. Pourtant, au-delà de la géographie et des espèces vivantes, on oublie souvent de traiter du genre, de le questionner au regard du dérèglement climatique. Alors, pour lever cette omerta, réfléchissons. Au prisme du climat, y aurait-il enfin une réelle égalité entre les femmes et les hommes ?




Le constat


« Les femmes sont 14 fois plus susceptibles de mourir lors d’une catastrophe naturelle que les hommes ». L’illusion n’aura été que d’une très courte durée. Là non plus il n’existe pas d’égalité femmes-hommes. C’est d’ailleurs ce que pointe du doigt le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) depuis 2007.


Face au dérèglement climatique, les plus pauvres sont les plus touchés, notamment de par leur moindre capacité d’adaptation. En effet, pour réagir face une catastrophe climatique ou plus durablement pour s’adapter au changement du climat, il est souvent nécessaire d’avoir de l’argent : pour acheter une maison plus dans les terres, en reconstruire une, acheter une voiture, etc. Cette adaptation, bien que nécessaire, est soumise à des enjeux économiques et financiers non négligeables, la limitant à un panel restreint d’individus.

Or, ce sont les femmes qui sont le plus touchées par la pauvreté, exerçant des métiers en moyenne moins bien rémunérées ou tout simplement au foyer parfois. En effet, « les femmes possèdent moins de 1% des ressources du monde ».

Ainsi, les plus démunis étant les plus touchés par le réchauffement climatique et les femmes étant surreprésentées parmi les plus démunies, les femmes sont particulièrement impactées par le dérèglement du climat.


Par conséquent, alors qu’on pouvait imaginer une égalité de genre sur ce plan, puisqu’il concerne tout le monde, le climat et son évolution exacerbe les inégalités hommes-femmes au prisme de la capacité de réaction. Le réchauffement climatique n’est pas qu’une affaire environnementale.



Les causes : le réchauffement climatique, amplificateur des inégalités de genre


Plus impactées que les hommes par le dérèglement climatique, les femmes subissent de plein fouet l’impact de l’humain sur l’environnement. On peut en ce sens expliquer ces inégalités de genre dans la sphère climatique par 5 principaux facteurs.


1. Des rôles genrés


Bien que cela s’amenuise dans la plupart des pays occidentaux, les sociétés humaines sont fortement marquées par une distribution genrée des rôles, que ce soit dans la famille, au sein du couple ou au travail. En effet, et au-delà de l’aspect financier, les femmes s’occupent en moyenne plus du foyer que les hommes. Ceci a un impact direct sur ces dernières puisqu’une charge mentale supplémentaire leur incombe avec l’évolution du climat. Effectivement, elles doivent souvent prendre en charge le poids de l’écologie, entre recyclage, création de produits par elles-mêmes plus respectueux de l’environnement - les Do It Yourself - , nettoyage des biens réutilisables, à l’instar des couches, ou encore repenser une alimentation plus végétale, tout en évitant les carences. Ces coûts physiques et mentaux sont plus souvent portés par la gente féminine. On peut ajouter à cela le coût psychologique de laisser à ses enfants, élevées majoritairement par les mères ou une autre femme, un monde marqué par l’instabilité et le chaos. De plus, au-delà de l’aspect conscience morale, ce sont bien souvent les femmes qui s’occupent de nourrir le foyer. Le réchauffement climatique les oblige donc parfois à aller chercher les biens et la nourriture plus loin qu’avant, ce qui les épuise proportionnellement.


Ainsi, la gente féminine paie, d’un point de vue global, le coût de l’attribution de rôles genrés pâtissant largement de l’évolution du climat.


2. Des sociétés majoritairement patriarcales


Au-delà de ces rôles genrés, mais dans leur continuité, l’accès aux financements pour les femmes est compliqué par des sociétés mondiales majoritairement patriarcales qui laissent souvent les questions financières à l’homme du foyer. Or, cette question des financements est prépondérante dans la capacité d’adaptation, qui conduit in fine à la gestion du dérèglement climatique. Ainsi, ayant en moyenne moins que les hommes en main les clés économiques au sein du foyer et de la société, les femmes avancent les pieds et poings liés face à l’évolution du climat, majoritairement contraintes à suivre les décisions de la gente masculine.


3. Les oubliées de la scène politique


Dans la lignée des questions financières, les femmes sont également les oubliées de la scène politique à l’échelle mondiale. Peu de femmes aux postes de cheffes d’État, aux sièges de grands ministères, elles ne sont parfois même pas éligibles à des fonctions politiques. Pire, elles n’ont quelques fois pas le droit de vote. Face à une inexistence contrainte dans la sphère politique, la gente féminine avance une nouvelle fois les pieds et poings liés, dans l’incapacité de porter dans le débat public et politique ces enjeux de genre qui s’immiscent dans la sphère environnementale. En effet, quand leur voix politique n’existe peu ou pas, il leur est bien ardu de porter des sujets qui les impactent et les concernent, souvent bien plus que les hommes.


4. La sphère de l’éducation et de la formation


Conséquences du genre, entendu comme un « rapport social qui produit, différencie et hiérarchise deux catégories de sexe » (Beaubatie, 2021), et de tout ce qui a été précédemment énoncé, les femmes ont encore, dans bien des endroits du monde, moins accès à la formation et l’éducation que les hommes. Ceci amoindrit leurs possibilités dans biens des champs. Tout d’abord, leurs possibilités de saisir les enjeux contemporains du monde, condition nécessaire à l’action. Ensuite, leurs possibilités d’être informées des actualités, et ainsi connaître la réalité et s’y préparer. Pour continuer, leurs possibilités d’être mobiles : sans permis, pas de voiture par exemple, et donc pas d’autonomie ni d’adaptation. De plus, par manque de formation, leur possibilités de survivre face aux catastrophes naturelles : ne pas savoir nager peut conduire à la mort face à un tsunami ou des inondations. Enfin, alors que « une fille sur 4 ne va pas à l’école dans les pays en développement », le manque d’éducation conduit également à la pauvreté et in fine à la plupart de ce qui a été précédemment mentionné.


Ces moindres éducation et formations, en comparaison aux hommes, conduisent ainsi les femmes à être plus vulnérables face au climat.


5. L’accès aux soins


Alors que les femmes sont à certains moments de leur vie plus fragiles que les hommes au niveau santé - à l’instar de la grossesse -, l’accès au soin leur est parfois compliqué par les problèmes d’éducation, de mobilité et de salaires déjà évoqués. Sans voiture, sans éducation sur les questions de santé, ou sans capacité de payer les soins ou le transport, situation de beaucoup de femmes dans le monde, l’accès aux soins leur est parfois difficile. Or, le dérèglement climatique accroît justement l’occurrence des problèmes de santé, ce qu’une partie de la gente féminine mondiale paie déjà au prix fort.


D’autre part, le fonctionnement du corps féminin les voit contraintes d’avoir recours à des protections hygiéniques lors de leurs menstruations, à l’instar des serviettes hygiéniques et des tampons. Ces protections sont souvent à usage unique et deviennent ainsi un facteur de pollution à leur insu. Depuis quelques temps il existe des protections réutilisables et lavables, telles que les culottes de règles. Néanmoins, ces dernières sont coûteuses, alors que les femmes sont comme on l’a vu précédemment les plus touchées par la pauvreté. Il est donc indispensable de rendre plus visible ce champ afin de trouver des solutions à ce paradoxe : coûteux mais respectueux de l’environnement et abordable mais polluant.



Les conséquences sur les rapports sociaux de genre


Un des arguments souvent avancés pour sensibiliser au sujet du réchauffement climatique est celui de l’accroissement des tensions dans le monde. Sociales, géopolitiques, économiques, environnementales, domestiques ou conjugales, ces dernières sont parfois les causes de violences. Or, si les violences augmentent avec le dérèglement climatique, les violences de genre ne dérogent pas non plus à la règle. C’est d’ailleurs ce qu’on a pu constater au cours du confinement, pendant lequel la promiscuité et les tensions attenantes ont fait croître le nombre de violences conjugales rapportées. Aussi, si des guerres venaient à éclater, les femmes seraient également touchées, avec possiblement des viols, souvent considérés comme l’arme de guerre ultime. Enfin, ces tensions géopolitiques, économiques et sociales pourraient aussi conduire à voir proliférer les utilisations du corps des femmes : prostitution et mariages forcés, trafic des corps, etc.


Au-delà même des causes de cette inégalité de genre au prisme du réchauffement climatique, ce dernier pourra donc lui même agir comme un accélérateur des inégalités entre hommes et femmes. Par conséquent, agir pour l’environnement, c’est également agir pour l’égalité femmes-hommes. Il est donc d’autant plus important d’apporter sa pierre à l’édifice !


Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article de la revue Impacts, duquel nous prenons

majoritairement source :


Quentin Dehay



 

Cet article peut paraître extrême dans sa vision du genre dans le monde. L’auteur souhaite donc mettre en avant la dimension mondiale de celui-ci, en soulignant que la situation dépeinte n’est pas celle de la France ni de l’Europe, mais du monde dans sa globalité, ce qui tend à une copie plus noire. Aussi, veuillez noter que l’objectif n’est pas d’essentialiser la situation en créant une dichotomie entre les hommes et les femmes, mais de compter une réalité globale, sans oublier les singularités. Pour cela, lorsque que des faits sont avancés, sont utilisés des mots permettant de quantifier : « souvent », « la plupart », « beaucoup », « certaines », « en moyenne », « majoritairement », etc. Ces derniers sont donc à prendre pleinement en compte, sans quoi les propos tenus au sein de cet article seraient largement déformés

 

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