Les femmes des générations précédentes vous le diront : les protections hygiéniques jetables ont révolutionné leur quotidien. Plus besoin de laver les morceaux de tissus utilisés chaque jour pendant les menstruations, et de recommencer tous les mois. Il faut dire que cela représentait une perte de temps pour un moment disons-le, pas très affriolant. De plus, les règles étant encore et depuis toujours un tabou, faire sécher sa serviette hygiénique aux yeux de tous était souvent source de gêne.
À l'époque de leur apparition sur le marché, ces protections hygiéniques étaient perçues comme LE produit incroyable qui allait bouleverser la vie des femmes. Après coup, nous nous rendons compte que leur impact écologique est désastreux. Alors concrètement, quel est l'impact des protections hygiéniques sur l'environnement, et quelles solutions permettent de remédier à ce problème ?
Des composants nocifs à tout point de vue
À savoir que, pour écrire cet article, il a été très difficile de trouver une liste des composants des protections menstruelles jetables, car les marques n'ont aucunement l'obligation (et donc se gardent bien) d'afficher la liste des composants des produits hygiéniques, ceux-ci n'étant pas considérés comme des dispositifs médicaux, mais comme des simples produits de consommation courante.
En ce qui concerne les serviettes hygiéniques, protection externe, on retrouve dans la composition des serviettes de la marque NANA : un mélange de polyéthylène, de polyester et de polypropylène, matériaux plastiques utilisés dans les vêtements par exemple ; des matériaux constitués de fibres de bois, ou de fibres de polyester ; du latex synthétique ; de la pâte de cellulose et parfois du parfum, des colorants et/ou de l'encre, pour la forme. Pour justifier l'utilisation de ces constituants nocifs pour le corps dans leurs produits, les fabricants expliquent que ces éléments ne sont pas en contact direct avec la peau, ce qui les rendrait inoffensifs.
Un tampon de la marque TAMPAX, une protection donc interne, est constitué de coton et de viscose, le tout entouré du mélange de polyester, polypropylène et polyéthylène. Des études réalisées par l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) confirment la présence de ces matériaux plastiques ainsi que de substances chimiques, comme des hydrocarbures aromatiques polycliniques ou encore des pesticides, comme le glyphosate, un herbicide. Cependant, la quantité serait tellement infime qu'elle n'aurait aucune conséquence sur la santé.
Néanmoins, malgré ces déclarations, de plus en plus de femmes témoignent, affirmant avoir été victimes de conséquences plus ou moins graves suite à l'utilisation de ces protections hygiéniques, allant des allergies, jusqu'au choc toxique (STC), pouvant être dangereux s'il n'est pas pris en charge à temps.
Au-delà des répercussions sur la santé, ces composants, dangereux pour le corps, le sont aussi pour la planète ! Alors si nous nous penchons sur les chiffres, quels dégâts les protections hygiéniques jetables occasionnent-elles sur Mère Nature ?
Des produits non recyclables, et donc très polluants
Faisons un calcul maison. Une femme a ses règles en moyenne 40 ans de sa vie, à raison de 13 cycles menstruels par an. Chaque cycle a une durée de plus ou moins 5 jours, et, chaque jour de règles, une femme utilise environ 4 protections hygiéniques. Ce qui nous amène à un total de 11 000 protections hygiénique utilisées dans une vie. Pour une seule et unique femme ! Selon Conso Globe, cela conduit à 45 milliards de protections hygiéniques jetées chaque année dans le monde.
De plus, les protections hygiéniques sont faites de composants non-recyclables comme le plastique qui met environ 500 ans pour se décomposer dans la nature, elles sont donc non-biodégradables. La gestion des déchets occasionnés est souvent problématique, ce qui conduit à un déversement de protections hygiéniques utilisées, dans les égouts, ou pire, les océans. Un régal pour les dauphins, tortues et autres animaux marins.
Alors, si on trouvait l'industrie de la mode polluante, l'industrie des protections périodiques n’est pas en reste, étant donné que contrairement à un t-shirt, les tampons et serviettes sont à usage unique.
Des solutions écologiques, économiques, et meilleures pour la santé
Il existe néanmoins différentes solutions pour remédier au problème écologique des protections périodiques. En effet, au fil des années, des mouvements de sensibilisation prennent de l'ampleur, et des marques produisant des protections recyclables, biologiques, Made in France et dont la composition est clairement affichée, se développent.
Une des solutions apportées peut donc être les serviettes et tampons bio, faits à partir de coton biologique. Cette solution présente plusieurs avantages, comme une réduction drastique de la pollution lors de la conception, mais c'est également un moyen de changer ses habitudes, sans trop les bouleverser non plus, en gardant la même routine hygiénique. Cependant, cette solution est toujours polluante car à usage unique, et n'est pas non plus très économique.
La Cup menstruelle peut également être une bonne alternative, générant beaucoup moins de déchets, mais n'est néanmoins pas très pratique, et pas toujours confortable.
Les serviettes hygiéniques lavables, ainsi que les culottes menstruelles sont elles aussi réutilisables. Elles permettent de réduire considérablement l'impact écologique, ayant une durée de vie d'environ 10 ans, permettant donc en plus, d'économiser au long terme. Elles sont généralement faites à base de coton biologique, en France. De plus, et notamment en ce qui concerne les culottes menstruelles, elles sont souvent plus confortables à porter durant la journée. Mais effectivement, chaque matin et chaque soir, elles nécessitent d'être lavées à la main avant de rejoindre la machine à laver, un peu comme ce qui se faisait avant l'apparition de la protection jetable.
Mais aujourd'hui, ne pouvons-nous pas imaginer que le tabou au sujet des règles peut être levé ? Il ne s'agit en effet, que d'un cycle complètement naturel, et nier son existence, ou du moins ne pas en parler, n'y changera rien. Il n'y aurait plus de honte à faire sécher sa serviette ou sa culotte menstruelle. Car la première honte serait surtout, pour les autres, de ne pas l’accepter, d’en être gêné. Et en ce qui concerne le temps passé à la nettoyer, il ne s'agirait non pas d'un temps gaspillé, mais précieusement utilisé pour réduire notre empreinte écologique, et ainsi épargner un peu plus la planète.
Pour plus d'informations sur les composants :
Pour plus d'informations sur les impacts, autant sur la santé que sur l'environnement, des protections hygiéniques, ainsi que les solutions :
https://www.essentiel-sante-magazine.fr/sante/prevention/la-securite-des-protections-periodiques-en-quatre-questions
Lucie Esse
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